Léo Ferré - DVD LES POÈTES

Extrait de l'article "Poète... vos papiers !"
de Jean-Dominique Brierre
paru dans le programme du TLP Déjazet
"Ferré chante les poètes".

Chez Ferré, le poète est ontologiquement différent. Il est autre, il est d'ailleurs. " Je suis d'un autre pays que le vôtre" annonce-t-il au début de "La Solitude". Ils sont d'une autre race... ils sont d'un autre clan et se mêlent à vous" s'exclame-t-il pour présenter "Les artistes". Cette différence emmure le poète dans la solitude de son art, en fait un maudit.
Le poète est socialement répugnant. Un poète ça sent des pieds (réminiscence inconsciente de "Un coeur sous une soutane" de Rimbaud ?). Il n'est pas comme les autres. Il est bizarre. Il est louche. Les lardus l'interpellent : Poète... vos papiers ! Les bourgeois percent en lui le satyre. "Sale type" lui lancent-ils lorsqu'ils le croisent dans la rue. Mais loin de se disculper, le poète doit revendiquer sa différence et assumer sa malédiction. C'est ainsi qu'il se valorise.
Tout s'inverse alors. Il est sale mais voilà bien sa pureté. On ne lave pas la poésie. Il est seul et sans le sou, mais son feu intérieur le chauffe et lui permet de transcender la misère commune : J'ai connu des printemps fabuleux en hiver Pendant que le vulgaire était tout emmouflé (1)
On met en prison ses quatrains de dix sous, mais il a le génie de l'humain et son innocence mine les citadelles de l'oppression. Il a "la tête dans des îles où n'abordent jamais les âmes des bourreaux" (2)
Et pourquoi est-il maudit ? Que reproche-t-on à cet graine de gibet ? ... L'intelligence. Mot-clef chez Ferré : "La malédiction... j'aime ce mot. C'est un beau mot. Les artistes comme les savants ont toujours été maudits. Pourquoi ? Est maudit celui qui n'est pas dans la course, celui qui n'est pas enfoulé avec les autres"(3). Les poètes portent sur eux le masque de l'a-normalité et se reconnaissent au premier coup d'oeil même par-delà la mort. Ferré connaît ses frères de sang.
Lui que la gloire a boudé pendant des années, il est leur compagnon de malédiction. Ce ne sont pas des noms poussiéreux dans des manuels scolaires. Non, ils sont vivants, ils font partie de la famille. Il sait leur souffrance. Lui, le poète-musicien-chanteur, il leur donne sa musique et sa voix avec tendresse et humilité car, explique-t-il dans "Préface" : "Toute poésie destinée à n'être que lue et enfermée dans sa typographie n'est pas finie"...
Qui sont ces compagnons de malheur ?
Rutebeuf- Villon - Baudelaire -Verlaine - Rimbaud - Apollinaire - Aragon

(1)"Le printemps des poètes"
(2) "Les poètes"
(3) Propos recueillis par Françoise Travelet dans son livre "Dis donc Ferré

DVD Léo Ferré chante les poètes
(Enregistrement du spectacle au TLP Déjazet en 1986)

Les poètes (Léo Ferré) - La chambre (René Baer) - Les poètes de sept ans (Arthur Rimbaud) - Art poétique (Paul Verlaine) - Soleils couchants (Paul Verlaine) - Rêvé pour l'hiver (Arthur Rimbaud) - La vie antérieure (Charles Baudelaire) - Marie (Guillaume Apollinaire) - La chanson du scaphandrier (René Baer) - L'étranger (Charles Baudelaire) - Marizibill (Guillaume Apollinaire) - Les assis (Arthur Rimbaud) - Chanson d'automne (Paul Verlaine) - Green (Paul Verlaine) - Le buffet (Arthur Rimbaud) - Les métamorphoses du vampire (Charles Baudelaire) - La mort des amants (Charles Baudelaire) - La beauté ( Charles Baudelaire) - La porte (Guillaume Apollinaire) - L'adieu (Guillaume Apollinaire -) Pauvre Rutebeuf (Rutebeuf) - Les hiboux (Charles Baudelaire) - L'invitation au voyage (Charles Baudelaire) - Les cloches et la Tzigane (Guillaume Apollinaire) - L'affiche rouge (Louis Aragon) - Ne chantez pas la mort (Jean-Roger Caussimon) - Le pont Mirabeau (Guillaume Apollinaire -) Brumes et pluies (Charles Baudelaire) - Elsa (Louis Aragon) - Comme à Ostende (Jean-Roger Caussimon) - La folie (Léo Ferré -) Frères humains/L'amour n'a pas d'âge (François Villon-Léo Ferré -) Les spécialistes (Jean-Roger Caussimon) - La poésie (Léo Ferré) - Le bateau ivre (Arthur Rimbaud) -

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