Léo Ferré - La lettre

La lettre

Paroles et musique de Léo Ferré

Ton ombre est là, sur ma table, et je ne saurais te dire comment le soleil factice des lampes s'en arrange

Je sais que tu es là et que tu ne m'as jamais quitté jamais

Je t'ai dans moi, au profond, dans le sang, et tu cours dans mes veines

Tu passes dans mon coeur et tu te purifies dans mes poumons

Je t'ai

Je te bois, je te vis, je t'envulve et c'est bien

Je t'apporte ce soir mon enfant de longtemps, celui que je me suis fait, tout seul, qui me ressemble, qui te ressemble, qui sort de ton ventre, de ton ventre qui est dans ma tête

Tu es la soeur, la fille, la compagne et la poule de ce Dieu tout brûlant qui éclaire nos nuits depuis que nous faisons nos nuits

Je t'aime

Il me semble qu'on m'a tiré de toi et qu'on t'a sortie de moi

Quand tu parles je m'enchante

Quand je chante je te parle

Nous venons d'ailleurs, tous les deux. Personne ne le sait.

Quand je mourrai tu ne pourras plus vivre que dans l'alarme
Tu n'auras plus un moment à toi
Tu seras mienne, par-delà ce chemin qui nous séparera
Et je t'appellerai
Et tu viendras

Si tu mourrais, tu m'appellerais

Je suis la vie pour toi, et la peine, et la joie, et la Mort

Je meurs dans toi, et nos morts rassemblées feront une nouvelle vie,
Unique, comme si deux étoiles se rencontraient, comme si elles devaient le faire de toute éternité, comme si elles se collaient pour jouir à jamais

Ce que tu fais, c'est bien, puisque tu m'aimes

Ce que je fais, c'est bien, puisque je t'aime

À ce jour, à cette heure, à toujours, Mon Amour

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