Marc Ogeret -Leo

Léo

Paroles de Marc Robine
Musique de Marc Robine et Hélène Triomphe

Tout au bout de la scène, dans les plis du rideau, là où les projecteurs découpent la frontière entre le clair et l'ombre, le sombre et la lumière, il y a un homme qui veille comme un oiseau de nuit, comme un hibou. Par la mémoire des aubes, vous ne le voyez peut-être pas, mais il est là... Léo... Hey mec !

Rien n'a vraiment beaucoup changé depuis le jour où t'es parti
Repeindre leur 14 juillet aux noires couleurs de l'Anarchie...
Rien n'a changé mais tout fout le camp, depuis qu't'as r'fermé ton piano ;
Ses dents d'ivoire ne mordent plus et la "révolte" n'est plus qu'un mot.

Souvent, avec les vieux copains, on boit des coups en parlant d'toi ;
Mais ton absence fait un bruit fou autour de notre table en bois.
On est comme orphelins, dans l'fond, mais aucun ne te le dira,
Car on a su garder, tu vois un peu d'respect pour ces choses-là...

Alors on parle de l'Espagne, d'une guitar' ou du temps qu'il fait,
De tes vendanges de Toscane, de l'huile de tes oliviers...
On en revient toujours à ça, même quand on jure d'pas en parler ;
Et puis on boit à ta santé en s'disant qu'tu nous engueulerais...

Toi qui savait parler d'amour à mots de grogne ou de velours,
Je peux bien te le dire, ce soir ; tes colères on les aimait bien...
Elles nous faisaient rentrer sous terre, mais on savait depuis toujours
Que c'était ta manière à toi d'pas être ému d'vant les copains...

Tu pouvais nous traiter de tout, la voix gonflée à tout casser,
On savait bien qu'tu finirais par t'lever pour nous embrasser
Les colères comme ça, y'en a plus, les mots n'osent même plus dire leur nom
Les idées sont rentrées dans l'rang... Un à un les copains s'en vont...

La vie est un miroir sans tain où passe le reflet brouillé
De nos amours, de nos chagrins, de tant d'poings levés retombés...
On joue à qui on n'la fait pas, mais dans la brume de la nuit
On se requinque dans ta voix qui parle de mélancolie

Y'en a qui jouent à faire le beau, qui s'glissent dans le lit de tes mots,
Pour faire la putain sur ton dos, du "bizness" chez les aristos.
Moi, c'est dans la rue que j'les croise, tes frangines de petite vertu
J'prétends pas payer ton ardoise ; d'ailleurs tu n'l'aurais pas voulu

Sur un barbarie à trois sous, dehors, traînaille une java,
Et le gars qui tourne la roue ne sait même pas qu'elle est de toi...
Tu vois, c'est dans la rue qu'j'les croise, tes frangines de petite vertu...
La, la, la, la, la, la, la, la, tes frangines de petite vertu...

--------- Pour ne pas oublier: "Léo" : -------------

Cette chanson fait partie de l'album "De Grogne et de Velours Marc Ogeret chante Léo Ferré" paru en 1999 chez EPM. "Au fil des ans, Marc Ogeret eut souvent l'occasion de chanter Ferré, essentiellement à travers les poèmes d'Aragon, de Pierre Seghers, de Luc Bérimont ou de Jean-Roger Caussimon. Avec ce nouvel album, il rend hommage à son ami, en interprétant aussi bien les premières chansons de Ferré comme Monsieur tout blanc ou Le bateau espagnol, que les dernières comme Les vieux copains, titre magnifique faisant partie des derniers enregistrements de Léo.
Un très bel et émouvant album."
Extrait de L'Echo du Centre, quotidien régional, samedi 6 novembre 1999
Cahiers d'études n° 4 "Écoute-moi"

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