Léo Ferré - Michel BOUQUET interviewé par Jean-Louis FOULQUIER

Michel BOUQUET interviewé par Jean-Louis FOULQUIER

Pollen (France-Inter)

Foulquier : Léo Ferré , la vie d’artiste Michel Bouquet.

Bouquet : Oui, c’est bien d’avoir commencé par cette chanson parce que ça nous fait rentrer en contact avec lui dans ce qu’il a de plus précieux c'est-à-dire son âme.
C’est un des êtres qui m’a le plus frappé par sa sensibilité, par cette authenticité, ce goût de l’honnêteté d’être ce qu’il était et respecter ce qu’il était et de porter ce qu’il était au maximum de ce qu’un être humain peut faire de lui –même à lui-même ;c’est ça qui m’impressionne le plus chez lui, c’est cette réussite extraordinaire d’avoir gardé l’humain en lui à ce point et toute la vie. On s’est rencontré quelquefois, comme ça, au détour des tournées, des choses comme ça, on s’est rencontré quelquefois, mais jamais sans aller très loin, jamais sans pousser le bouchon trop loin, non tout simplement, tout simplement et je crois qu’il m’aimait bien mais ça restait de camarade à camarade et c’était comme un exemple et en tout cas de le rencontrer c’était quelque chose de très tonifiant, parce qu’on se disait :il est sur la bonne route, il est sur la route, il est comme on doit être et si on avait tendance à l’oublier, le fait de le rencontrer, de le voir, d’être avec lui une heure, deux heures, trois heures, ça suffisait pour se dire, il faut rester bien dans la ligne, il faut bien suivre la ligne, ça c’est quelque chose que je n’ai pas rencontré souvent, même si j’ai rencontré des êtres tout à fait étonnants, tout à fait extraordinaires, ici même, dans cette maison … n’en parlons pas, j’y ai passé vingt cinq ans au moment où la radio était une chose tout à fait importante pour tout le monde puisqu’il n’y avait pas la télévision et qu’il y avait les plus grands auteurs issus de la résistance qui étaient là, à longueur de journée, que ce soit Cendrars, que ce soit Malraux, que ce soit Supervielle, que ce soit enfin... tous, Michaux.

Foulquier : Ça a changé.

Bouquet : Ça a changé mais lui était une sorte de, comment dirai-je, le point de la boussole qu’il ne faut pas, qu’il ne faut jamais quitter pour ne pas tomber, soit dans l’excès d’intérêt pour soi-même, soit trop d’excès pour le monde, de rester dans la ligne qui reste humaine profonde et sensible.

Foulquier :C’était la première fois quand vous l’avez rencontré, vous dîtes que vous avez senti qu’il était tout entier dans sa sincérité.

Bouquet : Dans sa sincérité, oui, oui. La première fois que je l’ai vu, il ne m’a pas vu quand je l’ai vu, j’étais au Théâtre Gramont pour dire quelques poèmes, comme ça, dans « Prenez garde à la poésie » voilà c’était cette émission là de Jean Chouquet qui se donnait à ce moment là, en direct au Théâtre Gramont, tous les samedis après-midi et Léo était là, parmi d’autres chanteurs. Il y avait Brel, il y avait Aznavour, il y avait beaucoup de gens remarquables qui passaient dans cette émission et lui qui chantait « Jolie môme » ça, je m’en rappellerai toujours, qui chantait « Jolie môme » comme ça et je me disais « quelle merveille cette chanson quelle merveille » et il la chantait en ânonnant presque, il avait pour ainsi dire pas de voix mais il avait une présence, il avait son costume vert, ce costume vert à carreaux, à grands carreaux.

Foulquier : C’était le seul qu’il avait, à l’époque.

Bouquet : Et alors, tous les huit jours, donc, je participai à cette émission et, de temps en temps, il venait, il chantait une autre chanson et, à chaque fois, je me disais : cet homme est tout à fait saisissant, tout à fait, profondément vrai, profondément juste.
Après on s’est revu au milieu de la vie, comme ça, pendant les tournées à Bruxelles, souvent aux armes de Bruxelles et on mangeait ensemble, on bavardait de ce qui nous arrivait tout ça gentiment et puis après je l’ai revu à l’Olympia sur la fin de sa vie et puis, tout à coup, je me suis dit : c’est étonnant, comment a-t-il fait pour parvenir, lui qui avait pour ainsi dire pas de voix au début, alors ça, ça m’a estomaqué en tant qu’interprète, comment est-il arrivé à cette puissance vocale, comment est-il arrivé à exprimer l’entièreté de sa nature par la voix grâce aux chansons qu’il écrivait mais comment est-il arrivé techniquement à la chose et alors ça je me suis dit : cet homme est fait d’une pâte, il est fait en acier parce que pour arriver à sortir de rien une telle force, une telle voix, une telle puissance vocale, comment a-t-il fait ?

Foulquier : C’est les professeurs du conservatoire.

Bouquet : oui mais là cela m'a étonné car il l’a fait de lui-même et il l’a fait en autodidacte ; il l’a fait par necessité. Alors, je connaissais évidemment toutes les chansons qu’il avait crées ;les Verlaine, les Baudelaire, les Rimbaud, tout ça qui sont des pures merveilles, des chansons qui m’ont, comment dirai-je ,qui m’ont presque empêcher de mourir à deux, trois moments très difficiles de ma vie. Je remettai les chansons de Ferré, par exemple, les Verlaine-Rimbaud et je repartai et il ne savait pas qu’il m’avait apporté tout ça mais il m’a sauvé deux ou trois fois et c’est cette authenticité cette qualité humaine...

Foulquier : Je comprends bien ce que vous dîtes parce que Ferré a été important dans ma vie à travers ça aussi. Je ne lui ai jamais dit non plus et je crois que vous ne lui en avez jamais parlé...

Bouquet : Non, non.

Foulquier : Mais dans des moments d’extrême solitude et de panique, Ferré venait là, faisait bien pleurer. J’ai pleuré toute la nuit en écoutant ses disques et puis au matin ça allait mieux.

Foulquier : Avec le temps, Michel Bouquet.

Bouquet : Ce qui est étonnant chez Ferré, c’est l’énorme poète qu’il est, ça c’est tout à fait étonnant il y a des grands grands paroliers, il y a de très grands chanteurs, il y a de très grands, je veux dire musiciens, mais là on est avec le poète.

Foulquier : Et vous savez de quoi vous parlez. Vous avez consacré votre vie au mot, à la poésie.

Bouquet : Oui, j’ai consacré ma vie à une admiration pour la poésie, pour les mots, pour les grands auteurs. J’ai passé ma vie à essayer de les comprendre, de les aimer, de savoir ce qu’il y avait en dessous, pourquoi ils avaient écrit ci, pourquoi ils avaient écrits ça, quelle était la raison pour laquelle ils l’avaient écrit comme ça. C’est fascinant et quand on passe sa vie avec ces très grands auteurs ou ces très grands poètes...

Foulquier : À la recherche des secrets.

Bouquet : Des secrets. De ce qui a provoqué le fait qu’il a pris la plume pour ça, plutôt qu’autre chose et chez Ferré il y a ça, il y a cette rareté, il y a d’être en prise directe avec son émotion la plus importante et qui est partagée par tous ceux qui l’écoutent.

Foulquier : Vous savez qu’il disait que, parfois, l’écriture lui venait d’ailleurs, il pratiquait l’écriture automatique. Çà m’a été tenu.

Bouquet : Oui, c’est ce qui m’a tellement touché dans les lettres non postées, -ça c’est Mathieu qui me les a donné à lire et Marie son épouse -et moi, personnellement quand je les ai lu, j’ai encore compris mieux à quel point l’homme était un écrivain ;l’homme était un poète ;l’homme était véritablement quelqu’un d’important pour la littérature de tous les temps et il était associable à Villon, à Ronsard, à d’autres, à Verlaine, à Rimbaud ;il est complètement de la famille.

Foulquier : Là il s’est trompé quand il dit avec le temps, tout s’en va et ce n’est pas vrai le poète reste, ses chansons seront là, toujours.

Bouquet : Bien sûr elles seront là toujours.

Foulquier : Et, grâce à vous, Michel Bouquet, même des textes qui étaient appelés à ne pas être connus du public, puisque c’était des lettres non postées qui n’avaient jamais été publiées, voilà que son fils et Marie viennent vous voir et que vous enregistrez ces lettres.

Bouquet : Oui, je les ai enregistré avec énormément de bonheur profond ; j’espère que je ne les ai pas trop mal faites, parce que j’ai toujours peur de ça, parce que, quand on touche à ce qui est authentique, c’est un poète, il faut faire très attention, mais je les ai bien préparées pour essayer de rendre le secret qui accompagne cette écriture, c'est-à-dire cette chose qui est presque en marge de sa vie, cette chose, il laissait tout ça de côté dans un coin et puis il s’est dit : cela ne sera jamais publié et tout à coup une fois qu’il n’était plus là, Mathieu et Marie et sa fille aussi ont ramassé tout ça et on dit ne laissons pas ça dans le secret, ne laissons plus ça dans le secret ; montrons-le.

Foulquier : Vous voulez bien qu’on écoute « Lettre à un critique ».

Bouquet : Moi? j’aurai du mal à l’écouter parce que je vais me faire des tas de reproches.

Foulquier : Bouchez vous les oreilles.
Il a écrit ces lettres Léo Ferré dans les années 50 et les années 60 par là...
« Lettre à un critique », il aurait pu l’écrire hier.

Foulquier : Ravel, Michel Bouquet, vous aimez Ravel ?

Bouquet : Oui.

Foulquier : Vous aimez la musique en général, vous en avez besoin ?

Bouquet : J’en ai eu besoin, j’en ai moins besoin maintenant mais quand j’en ai besoin, j’en ai besoin d’une manière plus radicale, plus nécessaire et c’est pour ça que je ne gaspille pas trop dans des écoutes trop répétées. J’ai besoin de me faire une idée aussi de ce que j’ai entendu ;j’ai besoin de situer, de comprendre ce qui m’a touché, d’analyser pourquoi j’ai été touché à ce point. Par exemple, je parle du Boléro de Ravel parce que j’ai vu une émission sur Arte, un jour de Celibidache qui dirigeait le Boléro de Ravel et j’ai été très étonné parce que je suis trouvé à la fin du Boléro de Ravel en larmes et je me suis dit : mais comment ce fait-il qu’une musique si précieuse si concise, l’orchestration absolument phénoménale, mais qui est quelque chose de travail esthétique presque, pourquoi cela m’a ému à ce point- là et alors j’ai eu le sentiment que Celibidache y était pour quelque chose bien entendu quand les événements avec l’Islam avait leur part de responsabilité dans cette émotion qui m’avait saisi profondément et dans cette avancée du toujours du même thème avec de plus en plus, de plus en plus de participants à l’orchestre répétant continuellement la même chose, j’ai vu des armées en marche, j’ai vu des choses et alors cela devenait absolument,je veux dire énorme, énorme, ça me terrassait littéralement, ça me pénétrait complètement et alors je me suis dit : c’est drôle parce que ce n’était pas le but de Ravel mais dans les œuvres d’art, ce qu’il y a de merveilleux quand une œuvre d’art est une œuvre d’art, ce qu’il y a de merveilleux, c’est que, au cours des événements de la vie, quoiqu’il arrive, quand il se retourne dans sa tombe ce monsieur qui a écrit ça, dans sa petite boite, il se retourne toujours du bon côté, c’est très curieux, on a ça avec Molière, on a ça avec tous les grands auteurs ; ils se retournent toujours et ils se retournent puisque le monde bouge et continuellement à tout niveau socialement au niveau de la sensibilité, aussi des couleurs, de tout, ils se retournent toujours agréablement et avec un sens nouveau, à chaque fois, et alors, j’ai été sidéré, j’ai ça avec Bruckner, avec Beethoven, avec Mozart, avec Bach, je veux dire , ils sont toujours ces diables de gens tout à fait dans le moment du temps où on les entend, ça c’est très étonnant.

Foulquier : Michel Bouquet vous parliez musique avec Léo Ferré parce que vous savez il y a cette passion de la musique ;vous savez que, à la base, il était chef d’orchestre.

Bouquet : Bien sûr, il y a un texte d’ailleurs là-dessus.

Foulquier : Il a souffert d’ailleurs du manque de reconnaissance.

Bouquet : Non je n’ai pas parlé, moi, je l’associai dans mon esprit à Puccini. Je trouvai qu’il y avait une filiation entre Puccini, moi j’aime énormément Puccini, je trouve que c’est une musique tellement authentique, les airs de Puccini sont tellement vrais que même si cette musique, par certains côtés, vous parait un petit peu daté, un petit peu surannée, elle est à chaque fois, de plus en plus prenante, de plus en plus nécessaire à entendre et pourtant j’aime des musiques beaucoup plus élaborées, beaucoup plus scientifiques, beaucoup plus travaillées, mais il y a là la veine populaire, il y a là quelque chose d’intime.

Foulquier : Il y a deux mots qui reviennent souvent dans votre vocabulaire, Michel Bouquet, c’est authentique et sincérité.

Bouquet : Sincérité parce que c’est ce qu’il y a de plus précieux, il me semble que c’est ce qu’il y a de plus précieux si on veut pratiquer l’art ou en tout cas, servir l’art. C’est très important, oui, c'est-à-dire que les choses les plus simples sont souvent les plus compliquées, les plus complexes, les plus difficiles à atteindre. Il est parfois plus facile de faire une chose tonitruante ou extraordinaire, calculé comme il y a dans Stravinsky mais une chose toute simple, un air tout simple, c’est ce qu’il y a, je crois de plus difficile.

Foulquier : C’est pareil pour les acteurs.

Bouquet : Je pense qu’il faut passer par beaucoup de chemins très compliqués pour arriver à un chemin tout simple et plus on arrive à un chemin tout simple, mieux c’est.

Foulquier : C’est pour ça que vous prenez régulièrement des pièces que vous avez déjà joué pour être plus proche de la vérité, encore plus sincère.

Bouquet : Oui, pour être plus surpris, plus en état d’être surpris en le faisant et en l’inventant à la dernière seconde, plus sur la corde raide, alors donc connaître admirablement l’œuvre dans ses secondes et ses demi secondes pour pouvoir se payer le luxe de ne pas coller à ça, quelque chose qu’on aurait prémédité, mais pour laisser sa vie propre, et c’est ça qui m’intéresse, donc il faut que je reprenne des choses que j’ai déjà joué assez longtemps, comme par exemple « Le roi se meurt » ou « L’avare » que je vais reprendre pour me dire quelle est mon opinion, maintenant, sur Molière, quelle est mon opinion maintenant sur Ionesco ;qu’est-ce que j’ai oublié à dire et on trouve toujours des tas de choses qu’on a oublié, alors on essaie d’en rendre compte.

Foulquier : Est-ce qu’on peut espérer avoir les lettres non postées un jour sur scène ?

Bouquet :Je ne sais pas du tout ; j’évite de faire des choses trop personnelles au théâtre si je suis au théâtre, j’aime bien que ce soit une pièce de théâtre, je n’aime pas que ce soit autre chose qu’une pièce de théâtre, mais ça, c’est une manie de vieux ;non mais je n’aime pas qu’on fasse du roman au théâtre, enfin quand c’est bien fait, je suis très touché ou des one man show, des choses comme ça, j’aime bien. Ca peut être très, très, très bien, mais au théâtre, j’aime bien que ce soit une pièce de théâtre.

Foulquier :Michel Bouquet, on va se quitter, merci d’être venu nous parler avec sincérité de Léo Ferré pour qui j’ai une grande tendresse et admiration et au bout de tant d’années de métier, maintenant, parce que ça fait soixante ans que vous faites...

Bouquet : soixante quatre.

Foulquier : soixante quatre ans que vous faîtes l’acteur.

Bouquet : J’ai commencé à dix sept ans et j’en ai quatre vingt.

Foulquier : Vous faites le bilan de temps en temps ?

Bouquet : Non, moi, je ne fais pas du tout de bilan, non.

Foulquier : Vous êtes content de vous ou il faut encore travailler ?

Bouquet : Non, je suis au travail mais ce n’est pas de la fausse modestie, c’est parce que j’ai plaisir à travailler. Quand j’étais ici dans cette maison et que je travaillais toute la journée sur Saint John Perse ou sur Dante ou sur …,il y avait des analyses sur l’occident des grandes émissions qui duraient vingt quatre heures ;on passait vingt quatre heures avec Racine ou avec Saint John Perse ou avec Dante ou avec Molière. C’était étonnant ces émissions là. J’étais toujours fasciné par l’aspect de la chose à apprendre toujours, à apprendre ;on apprend toujours, donc, pour moi, le plaisir, c’est d’apprendre, c’est de percer le secret, c’est d’analyser, c’est de comprendre et pour moi c’est ma vie.

Foulquier : Vous avez appris votre métier, au départ, vous étiez mitron, apprenti, patissier, boulanger.

Bouquet : Oui, oui, au moment de la défaîte ; ça était une chose atroce pour moi. J’avais quatorze ans et demi, mais c’est une chose qui m’a bouleversée. Je n’ai jamais oublié, j’ai toujours eu cette marque dans l’esprit, enfin cette marque de la défaite de l’occupation, de tout ça ;donc, pendant cette période là, j’étais à Lyon, j’étais mitron puis après je suis rentré à Paris. J’étais mitron de nouveau à Paris et puis après ça, j’ai été mécanicien dentiste, quelque temps, mais pas très longtemps, parce ce que c’était par trop ridicule. Après, j’ai été au service de la manutention, au Crédit du Nord et puis après, j’ai dit non, si je suis dans une boite qui s’appelle un théâtre, même si c’est pour balayer le plateau ou pour éclairer un peu les autres, je serai heureux là, je ne serai heureux que là quoi.

Foulquier : Et vous voilà professeur
Merci Michel Bouquet

Bouquet : Merci.

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Extrait du Blog de stéphane Descornes dit Bishop écrivain

Émission Pollen , de Jean-Louis Foulquier, sur France Inter.

"Face à l'offensive-Sapho , une bouffée d'air pur : Michel Bouquet lit des lettres inédites et non envoyées de Léo Ferré. Quel plaisir d'entendre cet immense acteur parler du non moins grand ferré. Je pense aussi à cet autre comédien, de la même trempe, qui comme Bouquet est avant tout une VOIX : Jean-Louis Trintignant. Lui non plus n'a jamais caché son admiration pour Ferré. Et peut-être nous lira-t-il un jour du Ferré sur scène. Qui sait ? Car reprendre ses chansons, c'est bien. Mais nous faire entendre Léo dans le texte, c'est pas mal aussi. En attendant, c'est Bouquet qui le fait, de sa voix profonde et envoûtante, sur un disque que je suis pressé de me procurer.

Au cours de l'émission, Bouquet nous rappelle que Ferré n'était pas seulement un merveilleux mélodiste, un interprète bouleversant, mais aussi un immense poète. Qu'il est l'égal de Villon, Baudelaire, Rimbaud, leur compagnon, leur frère. C'est la première chose qui m'a frappée quand j'ai découvert Ferré. Ecoutez une de ses chansons, un des ses textes, puis juste après : Les poètes de sept ans, de Rimbaud, qu'il a mis en musique, ou l'immense Chanson du mal aimé d’Appolinaire. Et vous ne verrez pas de différence. « La Mémoire et la mer » ne se dilue pas dans « La Musique » de Baudelaire. Elle nous prend et nous chavire tout autant. Face aux plus grands, le verbe de Ferré ne ternit pas. Il se tient droit et lance ses volutes vers le ciel, comme un arbre à l'assaut des étoiles.

Une chose est sûre, et vraie de toute éternité, l'étoile Léo continuera encore longtemps à nous envoyer sa lumière. Muss es sein ? Es muss sein !"

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