Marie-Claude Pietragalla
Ma rencontre avec Richard Martin fut un moment rare, un de ces
moments entre parenthèses qui nous transporte et nous renforce.
Ce projet sur Léo Ferré existe grâce à cette formidable
rencontre
humaine et artistique qui m'a permis d'envisager ce qu'il y a de plus
beau entre les hommes de théâtre : l'échange dans la passion.
l'accueil du Ballet National de Marseille au Toursky marque le symbole d'une coproduction de nos deux installations culturelles autour de la création.
Tous mes remerciements vont également à Mathieu Ferré qui m'a aidée très généreusement à m'inprégner de l'univers de son père.
Artiste inclassable qui déroute et dérange, Léo Ferré
est un musicien
majeur et un grand poète. Sa sensibilité, sa fragilité,
son amour farouche
de la poésie lui ont permis de s'exiler dans un univers surdimensionné.
Grâce à lui, la Musique et la Poésie sont descendues dans
la rue.
Populaire, aimé, détesté, critiqué, exilé
du XXe siècle, Léo Ferré
reste à tout jamais cet homme authentique et passionné qui permit
à
la petite fille que j'étais, de cultiver l'imaginaire et la beauté
des mots.
Mon admiration pour le parcours unique de cet artiste sans compromis, qui a fait de sa vie un hymne d'amour musical, a nourri chez moi l'idée que la Danse, la Musique et la Poésie ne font qu'un, une fusion cosmique qui élève l'âme.
Léo est parti mais sa musique, sa poésie sont encore de braise, cette écriture qui saigne de ne pouvoir dire l'instant et qui cache, par pudeur, son amour universel.
Léo Ferré, artiste solitaire qui de tout temps cultive la différence, refuse d'être apprivoisé et revendique la libre pensée, s'est heurté à de nombreux obstacles.
Mais qu'importe !
Artiste intemporel, la Musique et la Poésie lui ont offert le pouvoir de s'évader du réel et d'enraciner les faisceaux de son énergie dans l'imaginaire.
Apollinaire, Rimbaud, Verlaine, Baudelaire, Aragon l'ont accompagné tout au long de son inspiration musicale.
Cette voix singulière et unique nous transporte dans un douloureux et permanent voyage du manque.