Dernière tournée à travers toute la France et reçoit de nombreux hommages.
Il fonde alors les éditions musicales La Mémoire et la Mer pour que ses héritiers puissent gérer au mieux son œuvre après sa disparition.
Il prépare avec Robert Horville (docteur ès lettres et professeur à l’Université de Lille) une anthologie de ses textes, poèmes et chansons intitulée La mauvaise graine.
Le Monde de la musique, mensuel de janvier 1992
• Ferré/Rimbaud - Une saison en enfer
par Marie-Ange Guillaume
Source : Merci à Jacques Layani pour ce partage
Merci et encore Bravo, émission du 02/01/1992, notice descriptive.
Titre propre : Spécial nouvel an
Zapper n'est pas jouer, émission du 13/01/1992, notice descriptive.
La troupe LA FAMILLE joue une oeuvre que Léo Ferré a écrite en 1956 "L'Opéra du pauvre". Interview du metteur en scène Franck Ramon et de Léo Ferré qui parle du travail de LA FAMILLE, de la vieillesse "je suis très jeune, quand je ne serai plus jeune je m'en vais...", de l'anarchie "l'anarchie c'est l'amour, la solitude...", de ses projets "je vais faire un rap".
Affiche de "L'Opéra du pauvre" ;
Extraits. [Différents plans] des artistes dans leur loge en train de se faire maquiller.
5 représentations :
18/01 au Centre culturel de Tremblay en France
1 et 2/02 à Épinay sur Seine
7 et 8/02 à Stains
Le Monde de la Musique N°152, mensuel de Février 1992
• Ferré : pauvre mais heureux
Écouter Voir, mensuel de février 1992
• Ferré, Léo - Une saison en enfer
Source : Merci à Jacques Layani pour ce partage
Boum-Boum du 03/02/1992
• Soirée exceptionnelle en hommage à Paul Castanier
Source : Merci à Jacques Layani pour ce partage
Télérama du 05/02/1992
• Paul Castanier
Source : Merci à Jacques Layani pour ce partage
La Presse, 13 février 1992, E. Arts et spectacles - Le Monde
• Disques - Publicité
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Le devoir, 1910- (Montréal), 15 février 1992, Cahier C
• Richard Desjardins - Un Abitibien à Paris
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Je Chante-Discographie n°7, mensuel de Mars 1992
• Léo Ferré : Les années EPM
Disque en bref
Source : Merci à Jacques Layani pour ce partage
La Presse, 22 avril 1992, E. Arts et spectacles
• Harmonica à 270km/h (Festival Paroles et Musiques)
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Le Parisien du 04/05/1992
• Léo Ferré : "L'exil n'est pas le malheur"
Propos recueillis par Alain Morel
Il participe au 7 ème festival « Alors… chante ! » de Montauban.
Source : Captation télévisuelle by SCL
La fête à Léo... - Montauban 92
Une émission de Nicole Zimernann et Pierre Dick
Réalisée au cours du festival de Montauban Alors Chante... 92 organisé par l'association Chant Libre
Diffusée sur France 3 le 12/09/1993 à 13 heures.
• 5 mars 1992, Mon cher Georges, .../... Tu chanteras, Léo Ferré
• Pour Léo, Catherine Boulanger
• Jacques Haurogné
• Graine d'Ananar, Jean-Pierre Chabrol
• Jacques Haurogné et Xavier Lacouture
• Est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Sapho
• Ma liberté, Georges Moustaki
• Final Paris canaille, Georges Moustaki, Leny Escudero... et Léo...
• Léo au piano
Étiquette de-bouteille de vin "Alors Chante 92"
Pour le vingtième anniversaire de la disparition du Vieux Lion, l’édition 2013 d’Alors… Chante ! de Montauban – la vingt-huitième du nom, du 6 au 12 mai prochains – rend hommage à celui qui fut son invité d’honneur en mai 1992. Cinq jours durant, l’artiste participa à la vie du festival, assistant aux spectacles et encourageant les jeunes talents avant d’assurer lui-même la première partie d’un final, à jamais mémorable, qui réunissait autour de lui Jean-Pierre Chabrol, Nicole Croisille, Leny Escudero, Jacques Haurogné, Xavier Lacouture, France Léa, Georges Moustaki, Bruno Ruiz, Sapho, Jean Vasca…
Il y eut encore deux récitals durant l’été 1992 et une ultime apparition en public à la Fête de l’Humanité pour chanter Est-ce ainsi que les hommes vivent ? en compagnie de Bernard Lavilliers, mais cette soirée à Montauban constitua son dernier grand rendez-vous scénique du genre. À l’automne, la maladie l’empêcha de faire sa rentrée dans la capitale, prévue en novembre au Grand Rex. Déjà, le 8 octobre, son ami et directeur artistique historique Richard Marsan s’était discrètement éclipsé ; « Richard ? Un dernier pour la route ?... » Quelques mois plus tard, le 14 juillet 1993, la Mort (qui, racontait-il avec le plus grand sérieux, lui avait téléphoné pour lui dire qu’elle aimait beaucoup ce qu’il faisait…) privait à son seul profit les amateurs de chanson, d’amour et d’anarchie mêlés, d’un des plus importants représentants de son histoire millénaire.
Vingt ans après donc, Montauban se souvient de Léo Ferré… Si l’édition de 1992 s’était refermée avec lui, celle de 2013 va s’ouvrir avec « Les enfants de Léo ». Sur la grande scène du festival, les uns accompagnés par le grand orchestre du Conservatoire de Montauban (fort d’une soixantaine de musiciens !), les autres par un pianiste seul, comme du temps où Léo taillait la route avec « Popaul », ou bien se produisant a capella, à la guitare ou en trio, ils seront une douzaine de privilégiés à redonner vie aux différentes époques de son répertoire exceptionnel. Une bonne vingtaine de chansons et de textes parmi lesquels (selon des sources « autorisées », dirait Coluche), les heureux spectateurs auront droit à une sélection de grands classiques (La Mémoire et la Mer, La Vie d’artiste, Les Anarchistes, C’est extra…), de premiers succès, de poètes mis en musique voire de grands récitatifs de la dernière période. On parle notamment du Chien et d’Il n’y a plus rien… Mais chut, mieux vaut laisser la surprise et le plaisir de la découverte.
Les enfants de Léo ? demanderez-vous. Ils auraient pu être dix fois plus nombreux ! Mais pour une seule soirée, et non un marathon de la chanson, il a bien fallu limiter le générique. Alors, ceux qui seront là sont tout simplement les premiers à avoir répondu par l’affirmative à la proposition de Jo Masure, directeur-créateur et âme (des poètes) de ce festival : Alexis HK, Cali, Nilda Fernandez, Yves Jamait, Camélia Jordana, Les Grandes Bouches, Mélissmell, Bruno Ruiz… et Catherine Boulanger, en quelque sorte la « régionale de l’étape » dont la (superbe) chanson écrite spécialement Pour Léo constitua un sommet d’émotion de la fête de mai 1992, chantée en sa présence :
Léo, j’aurais aimé être une chanson de toiSource : youtube.com Source : youtube.com
Pour naître sur tes lèvres et vivre par ta voix
M’endormir dans tes rêves, m’éveiller sous tes doigts
J’aurais aimé, Léo, être une chanson de toi.
Les enfants de Léo - La vie d'artiste à Montauban
Le blog de Fred Hidalgo du 29/04/2013
Source : sicavouschante.over-blog.com
Rappelez-vous : Montauban, Alors Chante 1992, Léo Ferré, vedette de ce festival. Et cette chanson Pour Léo, écrite, cette année-là,en cadeau à Léo Ferré pour la soirée de clôture par une toute jeune artiste Catherine Boulanger. Et quel cadeau, je suis sure que les montalbanais présents s'en souviennent encore avec beaucoup d'émotion. Magicienne des mots, fée de la musique, "funambule de la tendresse et de la fantaisie", comme l'avait écrit Germinal le Dantec, cette année là, il devenait évident que je devais vous présenter cette Grande Dame. Et la rencontre a dépassé toutes les attentes (ce qui est rare de nos jours). Mais je ne vous dévoilerai pas tout aujourd'hui, car c'est 1001 talents, et 1001 trésors que j'ai découverts, je laisse Catherine Boulanger vous raconter l'histoire "magique" de la chanson "Pour Léo".
[Gaelle Laborie]
Source : www.tvlocale.fr 08/10/2016
Interview N°1, bimensuel de Juillet/Août 1992
• Léo Ferré : "À mon âge, ça me fait chier de fumer en cachette !"
Source : Merci à Jacques Layani pour ce partage
TV-Hebdo Sud du 18 au 24/07/1992
• Sauve : Chansons-passion
Festival
Source : Merci à Jacques Layani pour ce partage
L'Yonne républicaine du 22/07/1992
• Léo à Saint-Florentin
Festival en Othe
Source : Merci à Jacques Layani pour ce partage
Les Couleurs du temps d'août 1992
• IVe festival de la chanson française
Festival Sauve
Source : Merci à Jacques Layani pour ce partage
Témoignage chrétien du 01/08/1992
• Caussimon-Ferré, inséparables
Retrouvailles, par Jean-Paul Liégeois
Source : Merci à Jacques Layani pour ce partage
04.08 : Festival de Sauve, concert devant 7 à 8000 spectateurs (dont Michel Larmand et Maurice Frot) où il accorde à Marc Robine de Chorus, une interview pour la première « Rencontre » de son n°1.
.../... Il y a exactement vingt ans, au printemps 1991, ma chère et tendre et moi planchions sur le contenu d’un numéro type de Chorus, arrêté à 196 pages, après avoir décidé que chaque édition couvrirait l’actualité chanson de l’espace francophone sous toutes ses formes et présenterait à la fois un rappel du patrimoine et un cahier entier consacré à la découverte des nouveaux talents. Nous étions encore à un an et demi de la naissance de ces « Cahiers de la chanson », mais savions déjà qu’un artiste entre tous figurerait au sommaire du n° 1, que la première « Rencontre » du premier numéro, actualité ou pas, serait réservée au Vieux Lion, à Léo the Last, au Grand Ferré.
Finalement, pour être au plus près possible de sa sortie, cette rencontre eut lieu en août 1992, trois mois avant une rentrée parisienne annoncée au Grand Rex. C’est Marc Robine, « le meilleur d’entre nous » – aurait dit Jean Sommer, également au… sommaire de ce numéro –, qui s’y colla, le veinard ! Heureux à l’évidence de retrouver ainsi Léo, comme le montre la photo (de Francis Vernhet) qui servit parmi d’autres à illustrer le papier…
Jean Sommer – Les Meilleurs d’entre nous
Formidable interview, à mille lieues de l’habituelle langue de bois.
Sur l’amour et l’anarchie : « L’anarchie, c’est l’extrême solitude ; mais une solitude qui n’est pas coupée des autres » ;
sur la chanson, la poésie et la musique : « Il n’y a pas de poésie sans musique. Quand elle est bonne, la poésie a sa propre musique » ;
sur les poètes : « Tous ces poètes que l’on dit maudits auraient certainement mieux vécu s’il y avait eu des disques à leur époque » ;
sur la banalisation du franglais : « J’en ai marre de ces mots qui ne veulent rien dire et qui ne sont là que pour faire du genre » ;
sur la programmation des médias : « Vous me parlez de poètes, de musiciens, mais écoutez ce qui passe à la radio : la chanson n’est plus qu’une question de commerce » ;
sur les multinationales du disque : « Ces boîtes-là sont dirigées aujourd’hui par des jeunes marketing… marketingers – c’est comme ça qu’il faut les appeler, n’est-ce pas ? – de jeunes marketingers de 35 ans qui sont bien contents de vendre encore mes disques, mais qui se fichent de savoir ce qu’il y a dedans… »C’est dans le Gard, au Festival de Sauve aujourd’hui disparu, où Léo devait donner un concert, que cette rencontre fut arrêtée et surtout concrétisée ; enfin, en partie, car la vie d’artiste pour l’auteur d’Avec le temps était sur le point de s’achever, sans que nul ne s’en doute. Homme fatigué, mais homme de parole, Léo Ferré proposa à Marc Robine de poursuivre l’entretien par téléphone, une fois rentré chez lui, en Toscane, aux premiers jours de septembre... Vous imaginez l’angoisse des Hidalgo qui avaient à sortir le 21 septembre, premier jour de la nouvelle saison, le premier numéro d’un nouveau journal (héritier du mensuel Paroles et Musique) dont tous les articles devaient être rendus avant la fin août !
Après un premier complément d’entretien le 3 ou 4 septembre, Léo, vraiment fatigué mais on ne peut plus « réglo », demanda à Marc de bien vouloir reporter la suite au lendemain, « voire la fin au surlendemain ». Au final, hasard ou destin, cette conversation publiée dans le n° 1 de Chorus (Les Cahiers de la chanson) fut de fait la dernière interview que donna le poète de Castellina in Chianti. On diagnostiqua en octobre le mal qui allait l’emporter et la « rentrée parisienne » fut annulée. Définitivement. Léo, dès lors, resta chez lui, ne recevant que de très rares amis, comme Maurice Frot, avant d’être appelé à rejoindre ses copains Jacques et Georges, dernier pied de nez du chanteur anarchiste, le jour même de la Fête nationale 1993. Le jour du quatorze juillet, aurait dit Brassens, il resta dans son lit douillet : la musique qui marche au pas, cela ne le regardait pas…
Léo et nous, c’est toute une histoire. Personnelle d’abord avec Le Flamenco de Paris, Le Bateau espagnol, Franco la muerte, Les Anarchistes… Puis professionnelle. En 1985, nous lui consacrions un premier dossier spécial dans Paroles et Musique (n° 51), photo de couverture signée Alain Marouani... Deux ans plus tard, en coédition Paroles et Musique/Seghers, nous sortions La Mémoire et le Temps, de Jacques Layani, très originale « biographie d’une œuvre » qui me valut plusieurs conversations téléphoniques nocturnes et, disons, pointues, avec Léo et Marie-Christine Ferré. À titre personnel, je garde notamment au cœur un dîner et une soirée (jusqu’à trois heures passées !) sur nos terres, en 1982, avec Léo et Marie-Christine, et… Jean Sommer (voir plus haut) qui avait fait spécialement le déplacement depuis Paris. J’entends encore Marie-Christine souffler, à juste titre, à Léo : « Demain, tu chantes à Caen, il est peut-être temps d’aller se coucher… » Mais Léo, pétant le feu, n’avait pas sommeil et ne se faisait pas prier pour pousser la chansonnette (quel souvenir !)… alors même qu’il avait donné ce soir-là un concert de plus de deux heures et demie !
Après d’autres entretiens glanés ici et là jusqu’à la fin des années 80, le n° 4 de Chorus allait proposer un nouveau « Spécial Ferré », avec une photo de Francis Vernhet en Une. Sans qu’on puisse bien sûr l’imaginer au moment de le concevoir (tant était grande la discrétion entourant alors l’état de santé de Léo), ce numéro – sorti dans les kiosques le 21 juin 1993 – précédait d’à peine un mois sa disparition.
Dix ans plus tard, enfin, Chorus partait « sur les pas de Léo » avec un dossier posthume (sous une nouvelle – et superbe – illustration de Francis Vernhet) : soixante-douze pages (!) de ce numéro d’été tentaient de cerner au plus près l’homme et l’artiste.
« Auteur-compositeur-interprète majeur, écrivais-je en chapeau de cet hommage, et formidable interprète de chansons qui l’ont fait jouer le “troisième homme” – le premier et le dernier des trois – aux côtés de Brel et de Brassens, Léo Ferré a aussi été un poète et un musicien exceptionnels. Un créateur “total” au bout du compte, à la fois Rimbaud et Debussy, Beethoven et Verlaine, Baudelaire et Ravel. […] Entre ses débuts en piano-solo au Quartier latin et ses dernières tournées, à nouveau seul (“mais peinard” et terriblement charismatique – comme on peut le voir dans la vidéo du Printemps des poètes jointe à ce sujet), Léo a conduit la chanson dans la cinquième dimension. Au-delà des paroles, de la musique, des arrangements et de l’interprétation. Avec ses textes de révolte et d’espoir (“Je provoque à l’amour et à l’insurrection”), ses mélodies inoubliables, ses envolées musicales ou poétiques somptueuses, avec sa voix bien sûr (cette voix si chère à notre cœur dont l’inflexion jamais ne se taira), Léo Ferré a ouvert la chanson à l’Anarchie. Son grand œuvre d’homme de la Renaissance, innovateur, moderne et classique à la fois. L’œuvre de toute une vie. C’est dire si elle est digne d’Amour. »
Rien à retrancher à ces mots écrits au printemps 2003. Tragique ironie du destin, deux mois après la sortie de ce numéro, auquel il avait aussi largement que talentueusement contribué, Marc Robine s’éclipsait en silence pour rejoindre Léo et les autres... En 2011, alors qu’on aurait célébré les 95 ans du poète, je persiste et signe à l’occasion de ce printemps des poètes… malgré ce qu’il disait lui-même, sincère mais un peu amer à l’ami Marc pour Chorus n° 1 : « Je ne suis rien ! Ni considéré comme un poète, ni considéré comme un musicien. Je suis considéré comme rien ! »
C’est vrai que de son vivant, les professionnels et les officiels furent bien avares de signes de reconnaissance à son égard. Les médias surtout le frappaient d’une sorte d’ostracisme permanent. Pour les besoins d’un état des lieux sur la chanson demandé en 1982 à la « Commission consultative nationale pour la chanson et les variétés » à laquelle j’appartenais (aux côtés de Max Amphoux, Jacques Bertin, Patrice Blanc-Francard, Jean-Michel Boris, Jean-Pierre Bourtayre, Daniel Colling, Philippe Constantin, Jean Dufour, Michel Jonasz, Marc Ogeret, François Rauber, Roger Siffer et Charles Trenet, excusez du peu !), une enquête minutieuse avait été menée dont il ressortait – entre autres considérations tristement édifiantes – que Ferré n’était pas passé une seule fois à la télévision entre septembre 1981 et septembre 1982 aux heures de grande écoute (sur 72 émissions, dites de variétés, recensées) ! Cela ne s’améliora guère par la suite. Et plus tôt, dans les années d’après Mai 68 (Le Printemps des poètes fut créé en 1969 à Bobino), la censure faisait son office. Il fallait s’appeler Denise Glaser pour oser l’inviter alors…
Mais aujourd’hui, Léo, qui oserait dire que, dans l’histoire de la chanson, tu es considéré « comme rien » ?! Alors que tu étais « tout » à toi seul. Un monde, une galaxie, un univers. Une leçon de vie : « Le vers doit faire l’amour dans la tête des populations. À l’école de la poésie et de la musique, on n’apprend pas. ON SE BAT ! » Tu vois, Léo : avec le temps, va, on t’aime toujours autant. Peut-être même plus qu’hier… et moins que demain.
Source : sicavouschante.over-blog.com
Le nouvelliste, 1920-, 15 août 1992, Cahier 2
• Dan Bigras - Plus passionné que ça... tu meurs !
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Le soleil, 1896- (Québec), 22 août 1992, Cahier C
• Cimon chante... Caussimon
par Francine Julien
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
27.08 : Léo Ferré à Saint-Florentin (et non le 22/08/1992). Festival en Othe (spectacle enregistré).
Léo Ferré à Saint-Florentin
Nouvelles d'ici et d'ailleurs du 17/06/2015
Source : www.cheny.net
Le livre sortira en 2015.
Sur le CD inclus dans le livre Léo Ferré - Avec le temps, on trouvera deux titres enregistrés à cette date La mauvaise graine et Tu chanteras.
L'Yonne républicaine du 29 & 30/08/1992
• Léo quite la scène
• Avec le temps, Ferré s'en va
Chanson, par Daniel Guadarrama
Source : Merci à Jacques Layani pour ce partage
Chorus n°1, mensuel de Septembre 1992
• Léo Ferré - L'extrême solitude et la sagesse, propos receuillis par Marc Robine
• Discographie
• La chanson d'Aragon, par Jean-Jacques Jelot-Blanc
• Marcel Dallaire "Découvrir et faire découvrir"
• Olympia, TLP - Nouvelles du front
• Agenda
13.09 : Bernard Lavilliers veut faire un cadeau particulier : Léo Ferré...
Léo viendra chanter Les anarchistes et Est-ce ainsi que les hommes vivent ? à l'invitation de Bernard Lavilliers.
JT A2 20H, émission du 13/09/1992, notice descriptive.
Titre propre : Fête de l'Humanité
L'an passé, à la Fête de l'Humanité, il était l'invité surprise de Bernard Lavilliers. Un grand frisson avait parcouru la foule.
COMBIEN y a-t-il de monde sur la pelouse de la scène centrale de la Fête de l'Huma, ce 13 septembre 1992 ? 200.000, 300.000 personnes ? Bernard Lavilliers y chante une salsa endiablée.
Depuis quelques jours une rumeur s'enfle. Un événement marquera ce concert. Bernard, la chanson finie, de sa voix de centaure l'annonce: « Je vous fais un cadeau particulier. Une surprise. Parce que je sais que vous êtes attachés aux mots et à ceux qui nous ont précédés et qui chantaient sur une autre longueur ce que nous avons essayé d'exprimer. J'ai énormément de respect et d'amour pour un homme qui s'appelle Léo Ferré. Tant qu'il sera debout, Léo chantera. C'est un grand honneur qu'il nous fait : Léo Ferré. »
Oui, il est bien là, pour deux chansons. Le vieux lion à la blanche crinière s'avance en vêtements noirs, le pas court, marqué par les années. Le visage creusé de rides, expressif comme jamais. Il n'arrête pas de cligner des yeux en regardant cette foule qui, battant des mains par-dessus tête, lui fait un accueil colossal. Il s'approche du micro, visiblement ému. On ne sait si son rictus est celui de l'angoisse ou si des larmes d'émotion sont en train de poindre. La musique, sa musique, démarre. Pas n'importe laquelle. Dans son impressionnant répertoire, il a extrait une chanson qui résume tout ce qu'il était venu dire pour ce qui fut sa dernière apparition sur scène.
« Est-ce ainsi que les hommes vivent?» Pour le dixième anniversaire de la mort d'Aragon, à la Fête de l'Huma, dans un spectacle de Bernard Lavilliers, qui a repris avec bonheur cette chanson dans un de ses disques, que choisir de mieux? Léo doit s'aider de quelques notes sur un papier qu'il déchiffre, mais ses accents forts sont là: «Tout est affaire de décor / Changer de lit changer de corps / A quoi bon puisque c'est encore / Moi qui moi-même me trahit... »
Sur le côté de la scène, musiciens, éclairagistes, preneurs de son, tous ces techniciens du spectacles, habitués de l'inhabituel, se sont groupés pour ne pas perdre une miette. Bernard Lavilliers est resté discrètement en retrait.
Aux applaudissements ponctuant cette première chanson, succèdent quelques notes. Le visage de Léo se fait grave. La foule se tait. Que va-t-il chanter ? Dès les premières mesures, la foule l'a reconnue. Les premières paroles, dans un silence de glace, l'ont confirmé : « Y'en a pas un sur cent / Et pourtant ils existent / La plupart Espagnols / Allez savoir pourquoi / Faut croire qu'en Espagne / On ne les comprend pas / Les anarchistes. » La foule se dégèle un peu. On commence à lire sur les lèvres, au loin, dans l'immensité anonyme, des paroles murmurées. Un chant accompagné. Des poings se lèvent au-dessus des têtes. Des drapeaux rouges s'agitent. Peu à peu, avec toujours plus de conviction, dans un frisson comme seul le spectacle vivant en offre, le chant est repris à pleine voix. Même le service d'ordre s'y met.
L'artiste, dont le visage grave est repris plein cadre sur l'écran géant par les caméras de la SFP dirigées par Jean-Christophe Averty, scrute cette masse qui le comprend et l'approuve. Il crie ses convictions quand la musique s'arrête: « Fais-toi anar » et un « Ciao » en guise de fin. Bernard Lavilliers vient le remercier, mais c'est le vieux lion qui a envie de dire merci. Merci à Bernard : « On dit Lavilliers, moi je dis Bernard. » Les deux hommes s'étreignent. Longuement. Et Léo reprend le micro pour dire à ceux qui l'ont si bien compris: « Ne vous laissez pas faire ! Par personne. T'as compris ? Ne vous laissez pas faire ! Bordel de dieu ! » Il sort sous les acclamations, accompagné d'un tonitruant « Ni dieu ni maître » de Lavilliers.
Le public ne le voit plus. Il descend les marches vers les loges. Il crie encore: « Ne vous laissez pas faire. » Une sorte de rage. Un message qu'il tenait absolument à faire passer. Marie, sa compagne, de sa douceur naturelle, le prenant par le bras, lui dit: « Oui, Léo. »
Dans sa loge l'attend Michel Boué qui lui demande s'il a entendu le silence qui a accueilli le début des « Anarchistes ». « Non, répond le chanteur, qui disait ne pas avoir le trac. J'avais trop la trouille. » De cette chanson, il en est encore question avec Roland Leroy, venu le saluer. Les deux hommes se rappellent le temps où Léo Ferré se produisait dans les fêtes fédérales de Seine-Maritime. «Tu te rappelles, dit le directeur de « l'Humanité », quand tu as écrit cette chanson, je t'ai dit qu'elle était très bien, sauf que j'aurais remplacé anarchiste par communiste ». Les deux hommes rient. Marie aussi.
Bernard Lavilliers, épuisé par un long spectacle où il s'est donné encore plus que d'habitude, arrive. Pas pour souffler, mais pour savoir si Léo est content de leur prestation. Pour un peu le loub chercherait un père. Léo le regarde avec affection, avec la même émotion qu'il l'a étreint tout à l'heure, lui murmurant, sans que les micros ne puissent l'enregistrer: « Embrasse-moi. »
C'était à La Courneuve, il va y avoir un an. Cette annnée, la Fête n'oubliera pas ce fantastique poète et musicien.
Ne vous laissez pas faire criait Léo FerréCapitaine d'anarchie, défricheur musical, matelot nihiliste, il a marqué de son souffle la chanson. Lavilliers raconte leurs souvenirs communs et dévoile l'influence multiple que le maître poète a eue sur lui... Parce que c'était lui « Ferré est l'un de mes "modèles en qualité", pour son sens de l'invective, sa marginalité, sa charge d'interprétation… Si je chante, c'est en partie grâce à lui. Ma mère écoutait souvent l'un de ses 25 centimètres : Léo Ferré chante Aragon. J'ai encore ce disque chez moi… Pendant longtemps, il n'a pas du tout été considéré comme interprète, à l'inverse de Brassens ou de Brel. Léo déroutait : il était un peu sulfureux, les gens trouvaient sa voix bizarre, son physique étrange, ses métaphores folles. En 1968-1970, lorsqu'il a rencontré la pop music et collaboré avec le groupe Zoo et les Moody Blues, il a jeté un pont vers les Doors, Patti Smith, Lou Reed, devenant une sorte de Rimbaud en musique, reconnu par tous. » Notre tournée commune « On partageait le même directeur artistique et, en 1976, une grande tournée d'été nous a réunis, ainsi que les groupes Magma et Gong. Son côté insurgé attirait le même public de gauchistes et d'anarchistes que moi. Je me souviens du son de Magma, "kolossal". Ils faisaient une musique wagnérienne, jazz-rock. Gong était un groupe de babas cool portant des chapeaux qui était mené par Didier Malherbe. Je jouais mon album 15e Round. Et Ferré chantait sur des bandes. Il détestait les musiciens et refusait de les payer. Normalement, Léo était le clou du show, mais notre puissance l'inquiétait tellement qu'il demandait parfois à être en lever de rideau. Personne n'a jamais osé évoquer cette histoire de bande d'orchestre, car il était très narcissique, cabot, adepte du scandale à l'italienne, et on se tenait à carreau. » Les clefs de Ferré « Il m'avait surnommé "le Torse". Ma musique l'intéressait, car j'étais dans l'époque et il me répétait : "Tu as inventé un style de chansons voyageuses, mais tu ne donnes pas les clefs." Je lui répondais : "Toi non plus, tu n'en donnes aucune dans La Mémoire et la mer." En chantant et en rechantant ce texte de lui que j'adore, j'ai trouvé certaines pistes. En tout cas, j'en comprends la mélancolie. Il m'avait dit aussi : "Tu t'es approprié Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Avec toi, on se croirait dans un bordel de Sarrebruck..." Ferré était avant tout un aventurier des mots qui ne voyageait pas. Il avait peur de l'avion et naviguait dans le monde clos de ses propres métaphores, de sa propre solitude, de son clan. » Mai 68 avec un « mais » « Ses chansons se sont d'abord promenées dans la tête des gens via ses interprètes : Edith Piaf, Juliette Gréco, Catherine Sauvage. Ferré était resté dans la tradition de la femme inspiratrice, de la muse, d'où un certain décalage avec l'époque. D'ailleurs, au moment de Mai 68, il était dans le Lot à régler ses histoires avec sa femme Madeleine. Quand il a été sacré demi-dieu de Mai 68 à la Mutualité, c'était plutôt un concours de circonstances. Ses chansons de révolte, que les gens prennent pour de la pop révolutionnaire, sont nées de conflits personnels… Son moteur était la contradiction. Il se disait proche de Proudhon et, en même temps, la propriété avait un sens pour lui : elle garantissait sa solitude. Ça lui convenait de manipuler son public seul sur scène. C'est pour cela qu'il n'a jamais pu faire œuvre collective. Il considérait l'anarchie comme l'aristocratie de la solitude. Une façon d'envisager l'existence avec panache, avec noblesse. Comme disait Rimbaud : "Par délicatesse, j'ai perdu ma vie." » Que reste-t-il de Ferré ? « Ferré en savait long sur l'éternité des poètes. Piaf avait dû surpasser les autres pour rester intemporelle. Il a tout fait pour devenir un personnage, une star, un mystère. Je l'appelais "le Bâtisseur de mythes". C'était un homme mystérieux, qui accordait peu d'interviews et impressionnait son entourage. Il a écrit des chansons grandioses, voire grandiloquentes, qui l'ont porté sur les traces de Rimbaud, de Verlaine, de Breton, de Radiguet. Il pouvait entrer dans une grande introspection, se retrouver face à ses doutes, ses questions existentielles. Et pourtant Avec le temps, son plus grand tube, parle du quotidien avec délicatesse et violence. Ferré a pointé ces petites attentions que l'on a au moment de l'amour et a trouvé les mots pour décrire comment avec la haine tout s'efface. « On se sent tout seul peut-être, mais peinard » : l'image est vraiment juste. J'aime ses grandes chansons : Paris canaille, C'est extra, Jolie Môme. Et aussi La The Nana - que j'ai bien connue et qui s'appelait Marie. C'était une jeune Eurasienne, vierge, qui portait des blousons violets et qu'on surnommait "la Comtesse". Il a été très populaire, mais on ne l'entend plus trop à la radio. Certains artistes de la nouvelle génération comme Bénabar ou Raphaël le connaissent bien, lui rendent hommage. Il y a deux ans, je me suis replongé moi-même dans son répertoire et j'ai réécouté de nombreuses versions, j'ai lu tous ses textes pour faire une sélection. Actuellement, je reprends Préface dans mes concerts. C'est en fait un règlement de comptes avec André Breton, qui avait accepté puis refusé de préfacer son recueil Poète... vos papiers ! Cette vocifération contre Breton a été prise comme une colère universelle. C'est encore un malentendu.»Mes derniers souvenirs de Léo « Je l'ai invité à l'occasion d'un documentaire qu'Arte préparait sur moi. Il est venu en train d'Italie et on a passé deux jours ensemble : je lui chantais ses premiers titres, inconnus de tous. En septembre 1992, pour la Fête de l'Humanité, je lui ai demandé de participer à mon concert. Léo m'a demandé : " C'est payé combien ?"... Je l'ai amené jusqu'à la scène, car il ne voyait pas très bien et marchait très lentement, et puis il s'est posé devant le micro et il a entonné Les Anarchistes et Est-ce ainsi que les hommes vivent ? devant 100 000 personnes. Il était impressionné. Après, un journaliste lui a lancé : " Les communistes, les anarchistes, c'est pareil !" Et il lui a répondu : "Non, nous on n'a pas besoin de secrétaire." Je venais de rentrer de Colombie quand j'ai appris sa mort, le 14 juillet 1993. Je savais qu'il était malade, mais j'ignorais que c'était à ce point. Ferré n'était sûrement pas du genre à se soigner. Chaque soir, en concert, Préface lui est dédié. »
http://www.lexpress.fr/culture/l-eacute-o-ferr-eacute-et-bernard-lavilliers_484943.html
Publié par Claude Vlérick à 13:59
Léo Ferré et Bernard Lavilliers
Publié par Claude Vlérick - Page Web Jusqu'à ce temple en ruines, mais... du 26/01/2009
Source : jusquacetempleenruinesmais.blogspot.com
« Ferré est l'un de mes "modèles en qualité", pour son sens de l'invective, sa marginalité, sa charge d'interprétation ? Si je chante, c'est en partie grâce à lui. Ma mère écoutait souvent l'un de ses 25 centimètres : Léo Ferré chante Aragon. J'ai encore ce disque chez moi ? Pendant longtemps, il n'a pas du tout été considéré comme interprète, à l'inverse de Brassens ou de Brel. Léo déroutait : il était un peu sulfureux, les gens trouvaient sa voix bizarre, son physique étrange, ses métaphores folles. En 1968-1970, lorsqu'il a rencontré la pop music et collaboré avec le groupe Zoo et les Moody Blues, il a jeté un pont vers les Doors, Patti Smith, Lou Reed, devenant une sorte de Rimbaud en musique, reconnu par tous. »
« On partageait le même directeur artistique et, en 1976, une grande tournée d'été nous a réunis, ainsi que les groupes Magma et Gong. Son côté insurgé attirait le même public de gauchistes et d'anarchistes que moi. Je me souviens du son de Magma, "kolossal". Ils faisaient une musique wagnérienne, jazz-rock. Gong était un groupe de babas cool portant des chapeaux qui était mené par Didier Malherbe. Je jouais mon album 15e Round. Et Ferré chantait sur des bandes. Il détestait les musiciens et refusait de les payer. Normalement, Léo était le clou du show, mais notre puissance l'inquiétait tellement qu'il demandait parfois à être en lever de rideau. Personne n'a jamais osé évoquer cette histoire de bande d'orchestre, car il était très narcissique, cabot, adepte du scandale à l'italienne, et on se tenait à carreau. »
« Il m'avait surnommé "le Torse". Ma musique l'intéressait, car j'étais dans l'époque et il me répétait: "Tu as inventé un style de chansons voyageuses, mais tu ne donnes pas les clefs." Je lui répondais: "Toi non plus, tu n'en donnes aucune dans La Mémoire et la mer." En chantant et en rechantant ce texte de lui que j'adore, j'ai trouvé certaines pistes. En tout cas, j'en comprends la mélancolie. Il m'avait dit aussi: "Tu t'es approprié Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Avec toi, on se croirait dans un bordel de Sarrebruck..." Ferré était avant tout un aventurier des mots qui ne voyageait pas. Il avait peur de l'avion et naviguait dans le monde clos de ses propres métaphores, de sa propre solitude, de son clan.»
« Ses chansons se sont d'abord promenées dans la tête des gens via ses interprètes: Edith Piaf, Juliette Gréco, Catherine Sauvage. Ferré était resté dans la tradition de la femme inspiratrice, de la muse, d'où un certain décalage avec l'époque. D'ailleurs, au moment de Mai 68, il était dans le Lot à régler ses histoires avec sa femme Madeleine. Quand il a été sacré demi-dieu de Mai 68 à la Mutualité, c'était plutôt un concours de circonstances. Ses chansons de révolte, que les gens prennent pour de la pop révolutionnaire, sont nées de conflits personnels ? Son moteur était la contradiction. Il se disait proche de Proudhon et, en même temps, la propriété avait un sens pour lui: elle garantissait sa solitude. Ça lui convenait de manipuler son public seul sur scène. C'est pour cela qu'il n'a jamais pu faire oeuvre collective. Il considérait l'anarchie comme l'aristocratie de la solitude. Une façon d'envisager l'existence avec panache, avec noblesse. Comme disait Rimbaud : "Par délicatesse, j'ai perdu ma vie." »
« Ferré en savait long sur l'éternité des poètes. Piaf avait dû surpasser les autres pour rester intemporelle. Il a tout fait pour devenir un personnage, une star, un mystère. Je l'appelais "le Bâtisseur de mythes". C'était un homme mystérieux, qui accordait peu d'interviews et impressionnait son entourage. Il a écrit des chansons grandioses, voire grandiloquentes, qui l'ont porté sur les traces de Rimbaud, de Verlaine, de Breton, de Radiguet. Il pouvait entrer dans une grande introspection, se retrouver face à ses doutes, ses questions existentielles. Et pourtant Avec le temps, son plus grand tube, parle du quotidien avec délicatesse et violence. Ferré a pointé ces petites attentions que l'on a au moment de l'amour et a trouvé les mots pour décrire comment avec la haine tout s'efface. « On se sent tout seul peut-être, mais peinard » : l'image est vraiment juste. J'aime ses grandes chansons : Paris canaille, C'est extra, Jolie Môme. Et aussi La The Nana - que j'ai bien connue et qui s'appelait Marie. C'était une jeune Eurasienne, vierge, qui portait des blousons violets et qu'on surnommait "la Comtesse".Il a été très populaire, mais on ne l'entend plus trop à la radio. Certains artistes de la nouvelle génération comme Bénabar ou Raphaël le connaissent bien, lui rendent hommage. Il y a deux ans, je me suis replongé moi-même dans son répertoire et j'ai réécouté de nombreuses versions, j'ai lu tous ses textes pour faire une sélection. Actuellement, je reprends Préface dans mes concerts. C'est en fait un règlement de comptes avec André Breton, qui avait accepté puis refusé de préfacer son recueil Poète... vos papiers ! Cette vocifération contre Breton a été prise comme une colère universelle. C'est encore un malentendu. »
« Je l'ai invité à l'occasion d'un documentaire qu'Arte préparait sur moi. Il est venu en train d'Italie et on a passé deux jours ensemble : je lui chantais ses premiers titres, inconnus de tous. En septembre 1992, pour la Fête de l'Humanité, je lui ai demandé de participer à mon concert. Léo m'a demandé : "C'est payé combien ?"... Je l'ai amené jusqu'à la scène, car il ne voyait pas très bien et marchait très lentement, et puis il s'est posé devant le micro et il a entonné Les Anarchistes et Est-ce ainsi que les hommes vivent ? devant 100 000 personnes. Il était impressionné. Après, un journaliste lui a lancé : "Les communistes, les anarchistes, c'est pareil !" Et il lui a répondu : "Non, nous on n'a pas besoin de secrétaire." Je venais de rentrer de Colombie quand j'ai appris sa mort, le 14 juillet 1993. Je savais qu'il était malade, mais j'ignorais que c'était à ce point. Ferré n'était sûrement pas du genre à se soigner. Chaque soir, en concert, Préface lui est dédié. »
Source : www.lexpress.frBernard Lavilliers La Fête de l’Humanité est un événement populaire. Elle porte bien son nom, d’ailleurs. J’y ai chanté, je crois, en 1976 pour la cellule d’Ivry-sur-Seine. Deux ans plus tard, j’ai dû me produire sous le chapiteau. C’est vrai que j’y suis passé souvent. Cela reste un endroit tout à fait spécial où il y a des concerts, des conférences, où on peut même rencontrer des poètes en chair et en os, ou voir des expositions dadaïstes. La Fête de l’Huma est un événement polyculturel. Cela fait tellement partie de la vie de la banlieue parisienne que ça m’étonnerait qu’elle disparaisse !
Bernard Lavilliers C’était en septembre 1992, presque un an avant sa mort le 14 juillet 1993. C’était la surprise que je voulais faire à Roland Leroy, qui, à ce moment-là, était le directeur de l’Humanité. Cela fait partie des choses inoubliables. C’est la dernière fois qu’il montait sur scène.
Bernard Lavilliers Léo et moi, on a fait connaissance grâce à un ami agent artistique qui s’appelait Richard Marsan, dont il parle dans sa chanson Richard. Il s’est occupé de Jacques Brel, de Charles Aznavour, de Léo Ferré, de moi. À l’époque, je faisais pratiquement un disque tous les ans et Léo, lui, faisait des disques-fleuves. Je l’ai rencontré sur la tournée que j’ai faite en 1976-1977 avec Magma et le groupe Gong. Là, on avait largement le temps de parler avant ou après nos concerts, dans les caravanes. Quand il chantait les Anarchistes, Madame la misère ou Est-ce ainsi que les hommes vivent ?, ça ouvrait un champ. Ferré est un ouvreur de portes. Il a mis en musique beaucoup de poètes, Aragon bien sûr, mais aussi Verlaine, Rimbaud, Baudelaire. C’est un artiste passeur, on devrait tous l’être, d’ailleurs.
Bernard Lavilliers Cela peut arriver, dans les circonstances extrêmes. Il y des chansons qui sont liées à des époques, le Chant des partisans ou le Temps des cerises, liée à la révolution de 1848 et la Commune. En ce qui me concerne, les Mains d’or reste une chanson populaire, parce qu’elle s’applique aux circonstances. Elle est encore plus actuelle aujourd’hui. Je pense que les Mains d’or a valeur de symbole. Comme disait Aragon : « Remettez les poèmes dans leur réalité historique. »
Bernard Lavilliers À mon avis, c’est un avantage sur beaucoup d’autres qui ne savent pas comment s’y prendre pour écrire sur le monde ouvrier, qui a beaucoup changé. Ils en sont trop loin. Le fait d’avoir travaillé en usine, de jour et de nuit, et d’avoir gagné un salaire précis, m’a forgé. Au début, c’était payé à la semaine et en liquide. Ce genre de chose, c’est très marquant. À l’époque, on nous payait le vendredi soir, après ça a été par quinzaine et ensuite, je ne sais plus sous quel président, on nous a obligés à avoir un compte en banque.
Bernard Lavilliers Je l’ai fréquenté durant toute mon enfance. Mon père travaillait dans une usine. On était tous concernés. Fut une époque, il y avait 10 000 ouvriers dans cette usine. C’est une ville ! Cela fait 40 000 personnes avec les familles qui vivent sur une usine. Mon père a été responsable syndical. Je ne dis pas que je suis plus qualifié, je dirais que j’ai une vision plus exacte de ce qu’est le monde du travail. Et du désarroi d’ailleurs, dans lequel se trouvent les gens qui peuvent même voter Front national, par colère.
Bernard Lavilliers À la maison, on a toujours discuté politique. Ma mère, c’était plutôt la poésie, même si elle parlait politique. Mon père, c’était l’analyse politique. Je l’ai apprise avec lui sur des faits précis, ce qui m’a donné une grille de lecture. On a toujours des discussions politiques ensemble. Il a quatre-vingt-quatorze ans, il lit beaucoup, les journaux, des biographies historiques. Il a vécu 1936, la Seconde Guerre mondiale, il a une vision incroyable des choses. C’est un arc dans la société dans laquelle on vit ! Il a eu une grosse action syndicale et dit toujours : « Une grève, il faut la mener jusqu’au bout ou ne pas la faire. » C’est ce qu’il me disait encore, il y a quelques jours (rires).
Bernard Lavilliers On ne sait pas où on va. Le vote du FN, je crois que ça touche au désespoir. C’est un vote de refus. En France, on vote souvent contre, rarement pour quelqu’un. C’est choisir entre la peste et le choléra. Il y a des gens qui ont voté Hollande, c’est normal qu’ils soient déçus. Et d’autres qui ont voté FN et qui font aussi la gueule, parce qu’ils se rendent compte qu’il y a des combines tout aussi épouvantables à l’intérieur du FN qu’il y en a dans ce qu’il appelle l’UMPS.
Bernard Lavilliers Les technocrates ont gagné pour l’instant. Tout ce qu’on déteste ! Ce ne sont vraiment que des énarques. À la Fête de l’Huma, à mon avis, il y aura beaucoup de monde parce que c’est le premier grand rassemblement politique de tout ce qui n’est pas socialiste. Ou alors, quelques socialistes frondeurs vont venir, c’est possible. La question qui reste à poser, c’est la fameuse histoire du marché auquel on n’arrive même pas à payer les intérêts. Tous les présidents depuis Mitterrand ont passé leur temps à faire des promesses et emprunter au marché. Mais c’est qui, c’est quoi ce fameux marché ? Est-ce que c’est Dieu qui imprime les billets, les fonds de pension, les banques ? C’est quoi ?
Bernard Lavilliers C’est extrêmement émouvant et touchant. Je vais chanter l’Affiche rouge, en mémoire des Arméniens, le groupe Manouchian, les étrangers qui aimaient la France et qui se sont fait flinguer pour qu’elle reste libre. C’est aussi le moment de le faire à la Fête de l’Huma. Je vais le faire à partir d’un arrangement assez rock, quelque chose de puissant et de sobre, avec ces paroles de Manouchian : « Je meurs sans haine pour le peuple allemand. » Je pense l’interpréter à la fin de mon concert. Ce sera une conclusion pour moi.
Bernard Lavilliers : «La Fête de l’Humanité porte bien son nom», Double Note du 10/09/20141992. « C'est une photo très émouvante, car c'est le dernier concert de Léo Ferré, témoigne Bernard Lavilliers. Nous avions demandé à tout le monde de garder le secret. Il est venu chanter deux chansons avec moi, les Anarchistes et Est-ce ainsi que les hommes vivent ? En plein jour, il fut comme moi très impressionné par la marée humaine qui nous regardait. On a mangé ensuite avec sa femme Marie et mon ami Roland Leroy. Ce fut une journée formidable. »
Un record de participations
Des souvenirs, Bernard Lavilliers en a aussi en tant que spectateur. « Au début des années 1970, je suis venu voir Nougaro, mais aussi Pink Floyd et les Who. Il n'y avait qu'à la Fête de l'Huma qu'on avait accès à ces grands shows pour quelques francs. Je suis revenu quelques années plus tard jouer au stand de la ville d'Ivry avec un percussionniste, mais le premier vrai concert, c'était sous chapiteau en 1977, et la première Grande Scène en 1979. Avec un disque pas vraiment dans la ligne du parti... »
Bernard Lavilliers est le recordman absolu de participations, avec huit concerts jusqu'en 2014. « J'accepte ce record, mais Ribeiro et Higelin ne doivent pas être loin, sourit-il. L'Huma est un festival particulier pour moi, car j'y ai beaucoup d'amis, dans les fédérations PC du Nord, de l'Est... J'ai d'ailleurs souvent sorti ma guitare pour mes copains, le vendredi soir, après le montage des stands. C'est un lieu très chaleureux, très mélangé. J'y ai aussi beaucoup rigolé. »
Lavilliers et la dernière scène de Ferré
Page Web Le Parisien du 11/09/2015
Source : /www.leparisien.fr
Septembre 1992. Lavilliers et la dernière scène de Ferré - 1992. « C'est une photo très émouvante, car c'est le dernier concert de Léo Ferré, témoigne Bernard Lavilliers. Nous avions demandé à tout le monde de garder le secret. Il est venu chanter deux chansons avec moi, les Anarchistes et Est-ce ainsi que les hommes vivent ? En plein jour, il fut comme moi très impressionné par la marée humaine qui nous regardait. On a mangé ensuite avec sa femme Marie et mon ami Roland Leroy. Ce fut une journée formidable. » Bernard Lavilliers est par ailleurs le recordman absolu de participations, avec huit concerts jusqu'en 2014.
Source : /www.leparisien.fr
08.10 : mort de Richard Marsan.
Photo ©Antoine Desilets
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Le nouvelliste, 1920-, 16 octobre 1992, Cahier 1
• Au château Crête
En bref
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
La Presse, 17 octobre 1992, E. Arts et spectacles
• Le retour de la vieille garde
par J. L.
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
23.10 : Dépêche AFP.
Le Parisien du 23/10/1992
• Léo Ferré hospitalisé annule le Grand Rex
Propos recueillis par Alain Morel
Source : Merci à Jacques Layani pour ce partage
La Presse, 24 octobre 1992, Télé+
• Flashback - TV (Les clips de Simply Red et Léo Ferré ???)
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
La voix de l'Est, 1935- (Granby), mercredi 28 octobre 1992
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Libération du 28/10/1992
Léo Ferré
Ce concert n'aura jamais lieu, annulation suite à une intervention chirurgicale.
Cf. dépêche AFP du 23/10/1992.
La Presse, 18 novembre 1992, C. Arts et spectacles
• Leonard Cohen : le mythe va bien
par Alain Brunet
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Vivre en Provence du 21/11/1992 (supplément du quotidien marseillais)
• Avignon
Source : Merci à Jacques Layani pour ce partage
Le devoir, 1910- (Montréal), 21 novembre 1992, Supplément 1
• Disques - Publicité
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Je Chante-Discographie n°10, de décembre 1992, janvier 1993
• Ferré (Yvart parle de Léo)
Source : Merci à Jacques Layani pour ce partage
Chorus n°2, hiver 1992
• Mot d'excuse
Chansons et poésie, par Jean-Paul Fournier
Source : Merci à Jacques Layani pour ce partage
La Presse, 26 décembre 1992, samedi 26 décembre 1992
• Un siècle de chansons - De l'occupation à l'après-guerre - TV
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)