Avec ses longs cheveux rejetés en arrière, fins et argentés, il ressemble de plus en plus à une comète. Les poètes, il est vrai, ont la tête dans les étoiles. Et lui chaque fois qu'il réapparait dans le ciel du music-hall il brille d'un étonnant éclat.

La salle du Théâtre de Nice s'était remplie comme par enchantement pour l'accueillir. Sans affiches, ni "promotion" sans tambours, ni trompettes mais seulement par la grâce d'une renommée qui ne cesse jamais de s'amplifier.

On ne le voit presque jamais à la télévision, on ne l'entend presque jamais à la radio et pourtant, partout où il passe, depuis quinze ou vingt ans, on ne sait plus, la foule est toujours là à se presser pour venir le voir, pour venir l'écouter.

Lui, Léo Ferré, redoute cette notoriété : " J'ai essayé de démythifier mon personnage. De faire comprendre qu'il y a le chanteur et qu'il y a l'homme. Qu'une fois sorti de scène je suis un homme comme les autres.

Ils ne veulent pas l'admettre".

Puis, pour souligner la dérision de cette situation d'idole que le public lui impose malgré lui il a cette formule : "Les Grecs avaient l'Olympe, nous on a l'olympia...".

Et il poursuit son oeuvre. En ce moment c'est, essentiellement un concerto pour violon écrit pour Ivry Gitlis. Son ami depuis qu'il l'a rencontré sur le plateau du "Grand Echiquier". Puis revu cet été, à Vence, où il a promis de revenir.

Ils viennent de faire un disque ensemble. Tout à fait par hasard.

"J'étais en train d'enregistrer. Gitlis me cherchait. Il est venu au studio.

Je l'ai vu arriver comme un grand oiseau de nuit. Il s'est mis à jouer du violon. Une fois, puis une autre fois de façon différente. C'était formidable..."

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R-L Bianchini
Nice-Matin, 19 janvier 1974

Léo Ferré - Nice-Matin du 19/01/1974
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