Au début des années 60, un jeune couple, Arlette et Jacques Putseys, suit les récitals de Léo une correspondance s’en suivit entre Léo, Madeleine et ces petits belges. Ils viendront aussi à Castellina, Jacques le « viking flamand » de Words… words… words….
Mathieu découvrira récemment un texte de son père, sept pages manuscrites à l’encre bleu-vert dont le le titre Réflexion d’un artiste mineur. (Probablement fin des années 50 donné à Jacques Putseys vers 1977)
La chanson est un art mineur et une industrie prospère. Il y a deux ou trois chansons qui me font vivre parce qu’elles sont dansées. Ce sont : Paris-Canaille, Le Piano du Pauvre et Les Amoureux du Havre. Elles sont dansées parce qu’écrites sur des rythmes dits de danse. Je ne l’ai pas fait à dessein mais je ne le regrette pas. Les paroles de ce genre de chansons n’ont aucune importance. Le succès de Paris-Canaille est dû au mètre très court, « quatre pieds » et à une coloration spéciale paroles-musique sur le schéma Paris, toujours très considéré. Le Piano du Pauvre, c’est l’accordéon. Parlez de l’accordéon, en France, et vous êtes écouté.
Lorsque je mets de la musique sur Le Pont Mirabeau d’Apollinaire, je fais de l’art mineur. J’en demande pardon à Guillaume. Lorsque M. Jean Rivier, musicien symphoniste, met de la musique sur Le Pont Mirabeau d’Apollinaire, il écrit une mélodie. Il fait de l’art comment ? Apollinaire lui demande-t-il pardon ?
Lorsque j’écris une chanson avec des paroles qui ressemblent davantage à la poésie qu’à un soulier, fût-il de satin, on me dit que je pense. Lorsqu’un Carco, de l’académie Goncourt, écrit une chanson sur une ginguette, on dit qu’il est un grand poète. Lorsque Raymond Queneau de la même académie, pique à Ronsard le style de sa « fillette », quelle sorte d’artiste est-ce ?
Je dois à la vérité de dire en tout état de cause que le milieu dit « de la chanson » me gêne par sa médiocrité et ses mauvaises odeurs. Ils ont bien de la chance, les Carco, Queneau, Mac Orlan, Mauriac, Sartre et autres artistes majeurs, de n’y tremper que par hasard et de retourner aussitôt à leurs cimes littéraires où les critiques professionnels sont cultivés, adroits, les amitiés souvent particulières et le caviar apocryphe mais copieux. Ils vivent en bonne compagnie et à l’ombre de l’Institut. Moi, je vis dans une fabrique de conserves, où l’on met en boîte du caca qui a perdu jusqu’à sa personnalité la plus élémentaire.
Le drame, voyez-vous, c’est d’être à côté de la merde et de s’entendre dire qu’on ressemblerait plutôt à une rose. Lorsque j’écris des paroles dites « violentes » on me dit que je suis un anarchiste de salon. Lorsque j’écris Le Guinche, une chanson sur le bal, un critique ami qui vient manger à la maison écrit qu’il est dommage que j’ai commis une chanson alimentaire. Il faut préciser que les critiques, dans mon métier, ne sont ni professionnels, ni adroits, ni rien. Comment concevoir une critique sérieuse à propos d’un art mineur, voyons ? Quant aux parasites de ce caca dont je parlais, ces critiques payés, il doit leur falloir une somme de complaisance et une habitude de la poubelle qui doit leur rendre le travail bien pénible. Ceux-là ne volent pas leur argent (personnellement, je préfère les égoutiers, ils ont au moins le prestige du service public et de grandes bottes en caoutchouc).
Tout cela ne serait rien s’il n’y avait la MAFFIA, la grande « combinazione », l’énorme syndicat secret de l’édition musicale, de la radio d’état, de la radio privée et de l’enregistrement phonographique. Une vraie toile d’araignée dont la trame serait plutôt coton. Suivez-moi bien. Ça n’est pas si compliqué : l’éditeur d’une chanson paie un chanteur de charme pour chanter une ordure, le disque en main il paie un producteur de la radio d’État qui connaît bien la musique et qui « s’arrange » pour faire passer le disque dont il s’agit à telle heure, qui se trouve être la même que telle autre heure sur tel autre poste privé et cela pour la marque du cirage Tartempion. Cela ne suffit pas bien sûr. Il faut une autre heure, assez rapprochée de la première et toujours sur les postes d’État et privés, en même temps. Et une autre et une autre pendant vingt jours. Si ça mord, l’auditeur, c’est bien diable s’il ne s’en trouve pas quelques millions, de sentiment assaisonnés, va chez l’éditeur acheter le petit format, ce qui lui paie ses frais et ses bénéfices. Si ça ne mord pas, tant pis, on change. Un jour ou l’autre on aura le gros « tube ». Entendez par là, le gros succès. C’est merveilleux, l’argot. Ça ne trompe jamais. Les yeux, c’est les mirettes, du verbe mirer, je pense. La chanson à succès, le tube, probablement dérivé de « je t’entube ».
Qui sont les dindons de la farce ? Le public, bien sûr. Ce n’est pas si grave. Dans notre monde byzantin, il faut bien que ça fuit par un bout ou par un autre. L’auteur, quelquefois. Il est le dindon de l’éditeur, pour des tas de raisons qu’il accepte ou non. S’il les accepte, c’est qu’il voit beaucoup plus loin que l’entubage, il apprend son métier. Ce sont ceux-là qui finissent un jour par devenir éditeurs. Ce sont les pires. J’en ai connu un, et qui a belle enseigne, qui serait aussi bien venu manger dans la gamelle de mes saint-bernard si je n’y avais pas mis le holà ! Je lui ai dit un jour, vertement. Il en aurait redemandé. C’est vous dire la race de gens à qui nous avons affaire, nous les artistes mineurs.
Aujourd’hui, n’importe qui fait une ou des chansons. Et quand je dis n’importe qui, ce n’est pas n’importe qui : écrivains de toutes tendances de l’Académie ou non, poètes « énèrèfisants », auteurs dramatiques, cinéastes, danseurs, producteurs de disques ou de films. La liste est longue et insipide. Je ne cite personne, ce n’est pas la peine. Je ne connais pas une parole qu’on en puisse retenir. Il est vrai qu’une prédestination à la médiocrité semble les poursuivre car dans leurs métiers respectifs ils ne sont pas les premiers, loin de là.
Des interprètes qui « écrivent » leurs paroles, je ne connais que M. Chevalier sur lequel il me semble préférable de ne pas insister et Édith Piaf qui est bien gentille.
Il y a aussi les esthètes. À cet art mineur il fallait des esthètes mineurs, tel ce chroniqueur d’un hebdomadaire de radio, fonctionnaire à la radio d’État de surcroît et qui prône le caca avec une habitude de la chose qui laisse rêveur sur la propreté de ce monsieur. Tel autre asservi aux bonbons à la menthe X ou au chewing gum Y et qui prend le temps entre deux annonces d’écrire un article définitif sur la chanson et sur son histoire ou ses interprètes, ou des disques, ou ceci ou cela dans un hebdomadaire qui se taxe de Beaux-Arts.
Léo Ferré
Source : Les Copains d'la neuille n°13 p.22
Photo-journal, 1937-1978, samedi 2 janvier 1960
• Ferré compositeur de salon (Yves Montand)
À l'écoute, par Eric Lynx
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
La tribune, 1910, 20 février 1960, Cahier 1
• À l'instar de Gaétane Létourneau, le Canada peut produire d'aussi bons interprètes que la France
Profils d'artistes, par André-P. Luchaire
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Le devoir, 1910- (Montréal), vendredi 1 avril 1960
• Fernande Giroux donne un excellent tour de chant
Au Ritz Café, par G. H.
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Radiomonde et télémonde, 1952-1960, samedi 2 avril 1960
• Jean-Claude Deret il a découvert (ou presque) le grand Léo Ferré
par Nicole Charest
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Radiomonde et télémonde, 1952-1960, samedi 16 avril 1960
• Sept vedettes féminines à "G.M. vous invite..."
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Photo-journal, 1937-1978, samedi 23 avril 1960
• Fernande Giroux au Ritz
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Radiomonde et télémonde, 1952-1960, samedi 23 avril 1960
• Nos potins cette semaine (Alain Denys)
Jac Duval en disc-ute
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Radiomonde et télémonde, 1952-1960, samedi 30 avril 1960
• ... quand Marjo amène les stars "aux sucres"
par Nicole Charest & Edward Remy
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Le Progrès du Golfe (Rimouski), vendredi 6 mai 1960
Chansons françaises - Radio
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Radiomonde et télémonde, 1952-1960, samedi 14 mai 1960
• L'ingénieur aimait trop la chanson (Guy Béart)
par N.C
• Léo Ferré mise sur Alain Denis !
par Jac Duval
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Le Progrès du Golfe (Rimouski), vendredi 20 mai 1960
• Chansons françaises - Radio
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
16.06 : émission de télévision, En français dans le texte où Léo raconte l’histoire du pauvre bœuf et de la salsa de pomodore.
En français dans le texte, notice descriptive
Il enregistre dans les studios Odéon, mais à titre privé, Soleil et Noël (Madame à minuit), les poèmes de Luc Bérimont qu’il a mis en musique l’année précédente ; restés à l’état de maquette 45 T, les deux titres sortiront en CD en 1993.
Après diverses démarches infructueuses, il retrouve une maison de disque en signant un contrat chez Barclay.
Vacances jusqu’au 15 septembre à Guesclin.
La semaine à Radio-Canada, 1950-1966, samedi 2 juillet 1960
• Variétés - Radio
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Le Progrès du Golfe (Rimouski), 1904-1970, vendredi 15 juillet 1960
• Chansons françaises - Radio
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
La presse, 1884- (Montréal), 23 juillet 1960, Dernière édition
• Chansons françaises - Radio
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Le Progrès du Golfe (Rimouski), 1904-1970, vendredi 19 août 1960
• À la radio - Léo Ferré au "Petit lexique de l'humour français"
• Chansons françaises - Radio
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Le Coopérateur de France du 20/08/1960
• Léo Ferré : "Je ne fais pas partie de la maffia"
par Jacques Charpentreau
Source : Merci à Jacques Layani pour ce partage
La semaine à Radio-Canada, 1950-1966, samedi 20 août 1960
• Petit lexique de l'humour français (Invités René Lefèvre & Léo Ferré) - Radio
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Photo-journal, 1937-1978, samedi 27 août 1960
• Petit lexique de l'humour français (Invités René Lefèvre & Léo Ferré) - Radio
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
La semaine à Radio-Canada, 1950-1966, samedi 3 septembre 1960
• Seigneur, mon ami (Dimanche 4 septembre) - Radio
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Le soleil, 1896- (Québec), 3 septembre 1960, Cahier 1
• Pauline Julien - Retournera-t-elle au théâtre ?
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Le Progrès du Golfe (Rimouski), 1904-1970, vendredi 9 septembre 1960
• Chansons françaises - Radio
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
La semaine à Radio-Canada, 1950-1966, samedi 24 septembre 1960
• Radio - Rien qu'une chanson
• TV - Mes chansons
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Radiomonde, 1960-1962, samedi 24 septembre 1960
• TV - Mes chansons
• Jean-Pierre Ferland débute une deuxième fois
par Nicole Charest
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
La semaine à Radio-Canada, 1950-1966, samedi 1 octobre 1960
• Aux portes de la nuit - Radio
• Mes chansons - Radio
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Le Progrès du Golfe (Rimouski), 1904-1970, vendredi 7 octobre 1960
• Chansons françaises - Radio
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
L'union des Cantons de L'Est, 1866-1969 (Arthabaska), jeudi 13 octobre 1960
• Chansons françaises - Radio
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Le soleil, 1896- (Québec), 25 octobre 1960, mardi 25 octobre 1960
• Rien de plus charmeur que la voix de Catherine Sauvage interprétant Léo Ferré
par Fabienne Julien
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Radiomonde, 1960-1962, samedi 29 octobre 1960
• Ennui de variétés (Music-Hall et puis guerre froide quel dimanche !
par Nicole Charest
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Enregistrement chez Barclay du disque Paname 33T 25cm.
Quatre des huit titres sont orchestrés par Paul Mauriat et les quatre autres par Jean-Michel Defaye amené par Léo.
La presse, 1884- (Montréal), 10 novembre 1960, Dernière édition
• Catherine Sauvage, un nom farouche porté par une grande pacifiste
par Nicole Mongeau
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
11.11 : Gala de soutien au journal Le monde libertaire à la Mutualité à Paris
Source : Passage Léo Ferré
Radiomonde, 1960-1962, samedi 12 novembre 1960
• De Québec - Cette ville où la chanson triomphe
par Nicole Charest (La lune)
• Paris-Montréal...
Jac Duval en disc-ute (Barclay)
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Radiomonde, 1960-1962, samedi 19 novembre 1960
• Un second long-jeu d'Hervé Brousseau
par Jac Duval
Source : BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Adaptation de La Complainte de Fantômas de Robert DESNOS d'après le roman de Emile SOUVESTRE et Marcel ALLAIN.
Repris en novembre 1960, par la Radiodiffusion Télévision Française, avec par ordre alphabétique :
Paul BARRE - Lucien BAROUX
Pierre BLANCHARD - Roger BLIN
Marcel BOZZUFFI - Georges CARMIER
Bernard CLEMENT - Jean-Paul COQUELIN
Henri CREMIEUX - Yvonne DECADE
Henri DJANIK - Ginette FRANCK
Yves GLADINE - Noëlle HUSSENOT
Claire JORDAN - Bernard LA JARRIGE
François MAISTRE - Jean MARCHAT
Robert MAUFRAS - Sylvia MONFORT
Geneviève MOREL - Bernard MUSSON
Henri NASSIET - Jean OZENNE
Josette PERCEAU - Henri POIRIER
Jacques PROVINS - Jacques TORRENS
Henri VIRLOGEUX
Paroles : Robert DESNOS
Musique : Kurt WEIL, Léo FERRÉ accompagné à l’orgue de Barbarie par Jean ARNAULT
Réalisation : Albert RIERA
Une curiosité… d’après une version originale de 1933, de cette version originale, il ne reste malheureusement aucune trace...
Radio-Paris,
Radio-Luxembourg,
Radio-Toulouse,
Radio-Normandie,
Radio-Agen,
Radio-Lyon
et Nice-Juan-les Pins
3 novembre 1933
Robert DESNOS
Antonin ARTAUD : Fantômas
Patronné par : Le Petit Journal
Opérateur : Alejo CARPENTIER
Musique : Kurt WEIL
Réalisation : Paul de HARME